Les Amours du Chico by Michel Zévaco

Les Amours du Chico by Michel Zévaco

Auteur:Michel Zévaco [Zévaco, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Historique, Littérature sentimentale, Moderne (<1799)
Éditeur: Feedbooks
Publié: 1913-09-26T23:00:00+00:00


Chapitre 13

LES AMOURS DU CHICO

Le couvent de San Pablo (disparu depuis longtemps), où d’Espinosa avait donné l’ordre de conduire Pardaillan, était situé si près de la place San Francisco qu’autant vaudrait dire qu’il donnait sur cette place même.

En temps ordinaire, Pardaillan et son escorte eussent été pour ainsi dire tout rendus. Il ne faut pas oublier qu’on se battait toujours sur la place, et un homme froid et méthodique, comme d’Espinosa, ne pouvait commettre l’imprudence de faire traverser cette place à son prisonnier en pareil moment.

Pardaillan était encadré de deux compagnies d’arquebusiers. Non pas que le chevalier, ligoté comme il était, inspirât des craintes au grand inquisiteur. Mais précisément ces précautions, qui eussent pu paraître ridicules en temps normal, devenaient nécessaires, si l’on songe que le prisonnier et son escorte pouvaient avoir à passer au milieu des combattants. Dans la mêlée, le prisonnier pouvait recevoir quelque coup mortel, et nous savons que d’Espinosa tenait essentiellement à le garder vivant. Il pouvait encore – ce qui eût été plus fâcheux encore – être délivré par les rebelles qui pouvaient le prendre pour l’un des leurs. La nécessité d’une imposante escorte se trouvait donc amplement justifiée.

Par surcroît de précautions, le chef de l’escorte fit faire à sa troupe une infinité de détours par des petites rues qui avoisinaient la place, évitant avec soin toutes celles où il percevait les bruits de la bagarre. En outre, comme le chevalier, entravé par des liens très serrés, ne pouvait avancer qu’à tout petits pas, il se trouva qu’il fallut une grande heure pour arriver à ce couvent San Pablo qu’on eût pu atteindre en quelques minutes.

En ce qui concerne l’émeute, nous dirons qu’elle tourna rapidement en lamentable échauffourée et qu’elle fut réprimée avec cette impitoyable cruauté que Philippe II savait montrer quand il était sûr d’avoir le dessus.

Et ce fut là une des plus grandes erreurs de Fausta, chef occulte de cette vaste entreprise qui échoua piteusement et fut noyée dans le sang.

Les troupes dont elle disposait étaient nombreuses, bien armées, et bien organisées. À ces troupes disciplinées s’ajoutait la masse imposante du populaire qui sans savoir, suivait docilement l’impulsion qui lui était donnée.

Si Fausta avait poussé les choses, avec cette vigueur et cette rapidité d’action qu’elle montrait en de certaines circonstances graves, elle eût pu mettre les troupes royales en fâcheuse posture, obliger le roi et son ministre à compter avec elle et – qui sait ? – avec un peu de décision, sans leur laisser le temps de se reconnaître et de s’organiser, acculer le roi à une abdication. C’eût été le triomphe complet, la réalisation assurée de ses rêves d’ambition.

Ce plan, qui consistait à pousser activement les événements jusqu’au succès final, avait été primitivement le sien. Il pouvait réussir. Malheureusement pour elle, Fausta devant les hésitations du Torero, de celui qui, pour elle, était le prince Carlos, Fausta avait commis la faute impardonnable de modifier son plan.

Elle se croyait sûre de voir le prince venir à elle résolu à lui donner son nom et à partager avec elle le trône pourvu qu’elle le hissât sur ce trône.



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